Un Territoire Remarquable
Patrimoine / Saint-Victor-sur-Loire
Eglise inscrite aux Monuments Historiques par l'arrêté du 14 novembre 1980 pour ses parties les plus anciennes.
Fusionné sur le plan administratif depuis 1969 avec la commune de Saint-Etienne, le village de Saint-Victor se dresse sur un promontoire naturel façonné par la confluence du Lizeron et de la Loire. Il formait un refuge idéal, dont les caractéristiques offraient à la fois une protection et des ressources alimentaires suffisantes pour les habitants, notamment grâce à un petit port aménagé sur le fleuve en contrebas et à quelques terres labourables situées à proximité.
Depuis la mise en eau du barrage de Grangent en 1957 et l’aménagement du port de plaisance dans les années 70, Saint-Victor offre un bel espace de détente, dans un paysage mêlant verdure et espace lacustre.
Une place forte lyonnaise puis forézienne sur les gorges de la Loire
Si le plateau de la Danse et celui de Condamine recèlent de nombreux vestiges préhistoriques comme des pierres à bassins et des murs d'enceinte, l’occupation du site sur lequel se trouve le village actuel n’est attestée de manière fiable qu’à partir du XIe siècle. Suite à une querelle entre les comtés du Lyonnais et du Forez au XIIe siècle, le bourg et la châtellenie de Saint-Victor furent attribués au chapitre de Lyon par la permutation de 1173, puis finalement rendus au Forez en 1278.
La construction du château actuel semble remonter au XIIIe siècle ; le bâtiment a néanmoins subi de nombreuses dégradations et remaniements depuis. Saccagé par les « routiers » à la fin du XIVe siècle, sa reconstruction fut financée grâce à un impôt exceptionnel levé par le comte sur les habitants – ce qui, parallèlement, poussa une partie des plus pauvres à s’enfuir pour échapper à cette taxe.
Pierre à bassins de Condamine
Photo : F. VANNIER
Entre le XIVe et le XVIe siècle, la pêche représente un revenu important de la châtellenie, avec notamment celle du saumon. Ce dernier fut l’objet d’un commerce qui aboutit à l’aménagement d’une écluse sur la Loire en 1365 afin d’augmenter les prises au moment du frai.
En 1565, le château possède déjà ses deux tours actuelles, dont l’une sert de prison, et il est encerclé de murailles et de fossés ; dix-neuf maisons sont présentes à l’intérieur de l’enceinte et vingt-et-une à l’extérieur. Demeure seigneuriale aux XVIe et XVIIe siècles, notamment pour la famille de Nérestang, il devient au XIXe siècle la propriété des Sœurs de Saint-Joseph, qui le transforment en institution pour jeunes filles jusqu’aux années 1950. Par la suite, après avoir été acheté et en partie restauré par l’association des Amis de Saint-Victor, il est cédé à la ville de Saint-Etienne qui en fait un lieu d’accueil et de vie culturelle.
Une église d’origine romane au cœur du village
L’église de Saint-Victor est un bel édifice sur lequel subsistent quelques éléments de la construction romane du XIe siècle, avec notamment des chapiteaux et des colonnes de cette époque. Autrefois recouverte d’une charpente, la nef centrale fut voûtée au XVIe siècle, et deux chapelles furent ajoutées au nord et au sud à la même époque. Le clocher fut reconstruit au XVIIIe siècle après l’effondrement du précédent, et le chœur fut complètement reconstruit en 1840.
Les lourds aménagements de 1840 firent disparaître une grande partie de l’édifice d’origine ; malgré tout, grâce à une importante et soigneuse restauration en 1968-1969, l’aspect médiéval de l’édifice fut remis en valeur. La suppression des plâtres et des ciments qui défiguraient l’édifice a notamment permis de remettre à jour les colonnes jumelées de la nef et les murs de pierre. Aujourd’hui, l’église restaurée offre un bel élément architectural au regard des flâneurs et participe grandement au charme et à la typicité du bourg médiéval de Saint-Victor.
Colonnes jumelées de la nef - Photo : F. VANNIER