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Petite anecdote sur la voie ferrée de Firminy à Saint-Rambert, racontée par M. Vigouroux, Vice-Président de la société d'histoire de Firminy
Quand les bateaux de guerre remontaient la Vallée de la Loire
La ligne de chemin de fer entre Firminy et Saint Just-Saint-Rambert était le tronçon terminal d’une ligne plus étendue reliant Saint-Rambert d’Albon à Firminy par Annonay et Dunières.
Parmi les arguments présentés pour faire triompher ce projet de voie ferrée et obtenir les subsides indispensables à sa construction, les concepteurs avancèrent une nécessité stratégique de premier ordre «en reliant par un trait d'union, à l'abri de toute insulte ou surprise de l'ennemi, derrière les immenses massifs des Cévennes: les places de Grenoble et des Alpes à celle de Clermont, et en prêtant le plus rapide appui au front sud de Lyon, paralysant ainsi toute tentative d'investissement de cette place importante». Les responsables politiques, sensibilisés par la défaite de 1870, furent sensibles à l’argument stratégique qui fut pris en compte. Cette ligne par Saint-Just-sur-Loire permettait de rejoindre Paris sans avoir à passer par Saint-Etienne ou la Vallée du Rhône.
Le diamètre des tunnels de cette ligne et la courbe des virages furent étudiés en fonction du gabarit de certains matériels militaires à transporter. Pour son inauguration - et cela n'a rien d'une galéjade - on fit «remonter» un torpilleur de poche de la Marine Nationale, le « N°71, par la Vallée de la Loire Il effectua, en 1887, le trajet Toulon/Cherbourg du 27 août au 2 septembre via Firminy et Saint-Rambert: un beau gain de temps en cas de conflit, permettant à des bateaux de rejoindre en 5 jours la Méditerranée à l'Atlantique sans avoir à passer par Gibraltar, sous le feu des canons anglais, trajet plus dangereux (Sait-on jamais avec les Anglais !) et demandant vingt jours!
Ce torpilleur était long de 33 mètres et pesait 38 tonnes. Selon la description du journal « Le Petit Stéphanois» du 30 août 1887, le convoi comptait onze voitures et l'équipage du torpilleur se composait de douze marins. Quant au convoi, il se déplaçait à la vitesse de 25 km/h. Lors de son arrivée en gare de Firminy, la foule était dense le long des quais et l'équipage fut invité, dit-on, par la municipalité à un banquet au Pertuiset.
J.Vigouroux