Le SMAGL
Patrimoine / Notre-Dame de Grâce
(photographie ancienne aimablement prêtée par l'association des Amis de Saint-Victor)
Eglise, façades et toitures des communs et de l’ermitage inscrits aux Monuments Historiques par arrêté du 28 décembre 1984.
Propriété privée - Non visitable
Sur la commune de Chambles, à proximité du château de Vassalieux, l’église Notre-Dame de Grâce présente un ensemble architectural atypique remarquable. Elle est en effet dotée d’un clocher trilobé, c'est-à-dire composé de trois tours rondes accolées, élément rarissime dans l’architecture religieuse. Il était à l’origine surmonté de trois dômes en tuiles vernissées et doté de cinq cloches et d’une horloge.
Un établissement oratorien de prestige
La première chapelle de Notre-Dame de Grâce fut élevée en 1608 sur ordre de Vital de Saint Pol, seigneur de Vassalieux, en remerciement à la Vierge pour la protection qu'elle lui aurait apportée suite à un événement personnel traumatisant (probablement un grave accident ou une maladie). Notre-Dame de Grâce va devenir un ermitage : c'est le premier que fonde Vital de Saint Pol dans la région, et il sera suivi par la fondation de cinq autres.
En 1620, Vital de Saint Pol y installe des prêtres de la Congrégation de l’Oratoire, qu’il semble avoir lui-même intégrée en 1617 (?). L’église est édifiée à partir de 1623 par Faure de Gourgois, et le clocher en 1626. L'ermitage devient par la suite un lieu d’éducation avec la création d'un collège en 1652, qui fera partie des plus importants du Forez. On y enseignait le latin, le français, la philosophie, l’histoire, la géographie, les mathématiques, la rhétorique, l’astronomie… Il faut aussi signaler que Notre-Dame de Grâce fut un haut lieu de diffusion des thèses jansénistes (qui influencèrent fortement le Forez), opposées à celles du courant jésuite.
Durant cette même période, on sait aussi qu'un jardin à la française (aujourd'hui disparu) avec une fontaine est créé à proximité du collège, ce qui semble indiquer que le site était en priorité destiné à une élite d'origine urbaine.
Une histoire mouvementée après la Révolution française
Lors de la Révolution, en 1792, les prêtres oratoriens quittent Notre-Dame de Grâce ; le collège a par ailleurs été fermé plusieurs années auparavant. A l’exception de l’église, les bâtiments et les terres sont vendus à un particulier. L’ensemble architectural sera particulièrement endommagé au cours du XIXe siècle : trois incendies ravagent l’église et ses dépendances (pensionnat, infirmerie, boulangerie, maisons proches…) dans la première moitié du siècle. Une partie des bâtiments va aussi être transformée en carrière de pierre, et les objets de valeur sont vendus et dispersés.
A la fin du siècle, le hameau est marqué par un événement qui eut un retentissement important à l’époque : Jacques Brunel, ermite âgé qui y vivait depuis quelques temps, est assassiné par l’anarchiste Ravachol le 18 juin 1891. Ce dernier, après l’avoir étouffé dans son sommeil, lui dérobe l’argent qu’il avait accumulé. Arrêté le 27 juin, il parvient à s’échapper et ne sera capturé à nouveau qu’en mars 1892. Accusé ensuite de plusieurs crimes et délits ainsi que du meurtre de Brunel, il sera condamné à mort et guillotiné à Montbrison le 11 juillet 1892.
Une partie des bâtiments du hameau de Notre-Dame de Grâce appartiennent aujourd’hui à une association qui les met à disposition pour des congrès, des séminaires ou des retraites spirituelles ("Auberge du bon repos"). L’église est devenue une propriété privée et a été transformée en lieu d’habitation.